Xynthia, les objets de la mémoire est un projet d’exposition ayant pour objectif de rendre tangible le vécu des personnes qui ont été affectées par la tempête de 2010, un acte de transmission de leur expérience qui cherchera à s’ancrer dans un imaginaire collectif, inscrivant leur résilience dans la construction d’un “légendaire moderne”.
Ce corpus mémoriel sera véhiculé par la mise en scène d’objets rescapés de Xynthia et par la mise en ondes des récits des sinistrés. Samuel Buckman, artiste-auteur plasticien, et Mathias Arrignon, artiste et designer sonore, travailleront en tandem et en coopération avec l’équipe scientifique du projet “Submersion et résilience, la mémoire de Xynthia” sur la réalisation de ce projet artistique aux réalités à la fois matérielles et sonores.
Pour participer, complétez le formulaire disponible ci-après dans l’encadré “Ressource/s utile/s” et retournez-le avant le 15 décembre 2024 à l’adresse association.cronos@gmail.com
Une exposition qui débutera à La Rochelle, en octobre 2025
Dans le cadre de l’exposition au Centre Intermondes à La Rochelle prévu en octobre 2025, la galerie principale présentera en son centre une installation mettant en valeur les objets rescapés de Xynthia dans une scénographie modulaire, épurée et sensible, renforcée par des couleurs douces, des jeux de hauteurs, d’espaces et de matières. Cette configuration spatiale s’inscrit dans le concept d’installation-autel de Samuel Buckman, prenant le soin de créer un espace de libre réflexion et de méditation aux visiteurs qui se rassemblent autour d’elle. S’imbriquant dans ce mouvement de scénographie centrifuge, un périmètre sera délimité par quatre enceintes de sonorisation formant un carré autour de l’installation-autel et diffusant une bande sonore composée en quadriphonie par Mathias Arrignon. Cette pièce sonore enveloppante fera “flotter” les voix des sinistrés de Xynthia dans l’espace, donnant l’impression que les paroles émergent, se déplacent et se dissolvent dans la galerie d’exposition. Entrant en résonance avec le travail de la parole de Mathias Arrignon, Samuel Buckman travaillera avec les mots des témoins avec des verbatims, mis en valeur avec une impression sur cartes postales, qui seront disséminées parmi les autres objets de résilience de l’exposition. La mer, en tant qu’élément de narration environnementale, habitera les œuvres respectives des artistes : par la reconstitution de la mémoire sonore des étendues d’eau et de calme qui ont suivi le passage de la tempête, ainsi que par la mise en valeur d’échantillons d’eau glanés le long du littoral récoltées dans des Dame-Jeanne.
Les espaces situés à l’extérieur de la galerie du Centre Intermondes pourront également être investis avec les pièces des artistes afin de créer un parcours instinctif pour les visiteurs de l’exposition. En intégrant le jardin et la façade extérieure du bâtiment à l’espace scénographique, l’aspect spatial de la visite prendra la forme d’un mouvement de va-et-vient en direction de l’intérieur de la galerie. Cette déambulation illustrera le passage de l’eau lors de la tempête, évoquant la submersion de la mer et le retrait de la mer des zones touchées, tout en faisant écho aux différentes phases de résilience vécues par les communautés touchées. Ce parcours extérieur sera esquissé par un sillage d’objets rescapés de Xynthia ainsi que par des espaces d’écoute au casque ou aux enceintes de souvenirs des sinistrés.
Une expérience artistique et ethnographique avec les témoins de Xynthia
Xynthia, les objets de la mémoire est un projet dont les dimensions collaboratives et participatives sont essentielles pour le bon développement artistique de ce travail. La qualité des échanges avec les personnes sinistrées sera très importante lors des phases de collecte des objets rescapés et ainsi que lors de l’enregistrement sonore de leur expérience vécue. De ces moments de partage pourraient naître de nouvelles sources de récits, permettant d’affiner notre compréhension de cette vie en sursis avec des phénomènes de submersion bien réels. Afin de mettre en place des espaces propices pour ces échanges, Samuel Buckman et Mathias Arrignon effectueront plusieurs périodes d’immersion dans les communes qui ont été touchées par Xynthia, entrant ainsi au contact de leurs habitants et de leur quotidien. Ces rencontres seront notamment facilitées par les associations CRONOS et Association des Victimes des Inondations de la Fautesur-mer et de ses environs (AVIF), permettant ainsi aux deux artistes de bénéficier de bons rapports d’interaction avec les habitants volontaires. Ces moments offriront également aux habitants un espace d’expression et d’exploration de leur vécu, allant d’éléments anecdotiques à l’histoire des objets conservés à la suite de la tempête, ou encore à des réflexions plus complexes sur leurs souvenirs. La force de leurs récits personnels permettra non seulement de documenter l’événement, mais également de maintenir la mémoire de Xynthia à flot en la rendant accessible à tous, tout en ouvrant un espace de réflexion sur la manière dont les communautés survivent et se reconstruisent après un tel désastre.
Vers une exposition itinérante
À la suite de l’exposition au Centre Intermondes, Xynthia, les objets de la mémoire a pour ambition d’adopter un format d’exposition itinérante, permettant de présenter à un plus large public les différentes œuvres produites dans le cadre du projet. Ayant comme priorité de rayonner en Vendée et en Charente-Maritime, ce projet a également le potentiel d’être amené dans d’autres lieux d’exposition, notamment le Musée national de l’histoire de l’immigration qui, dans le cadre de la préparation de son exposition prévue à l’automne 2025 sur le thème “climats et migrations”, a récemment manifesté son intérêt d’inclure certains des objets collectés sur la mémoire de Xynthia dans leur programmation.